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Lucile
Séjour à Berlin en 2013/2014

Lucile a décidé d'apprendre l'allemand. Après avoir suivi les cours de l'association Quimper-Remscheid et participé à nos premiers "Stammtisch", elle effectue un séjour a Berlin au titre du service civil international. Elle nous fait part ici de ses impressions.



BERLIN

J'ai toujours voulu voyager.

J'ai vu mon frère partir en écosse quand j'avais 10 ans et mon oncle est Vénézuelien, ça fait plutôt pas mal d'exemples!
Je n'ai pas appris l'allemand au collège, je ne sais même pas pourquoi, l'espagnol était comme une évidence mais j'ai toujours été intéressée par toutes les langues ! Je voulais apprendre le suédois et vivre en Suède quand j'avais treize ans.
Par les rencontres, les amitiés qui se créent, j'en suis arrivée à m'intéresser à l'Allemagne:

En quatrième moi et ma famille avons accueilli une Allemande pendant dix jours en dépannage pour un échange scolaire. Je ne parlais pas un mot d'allemand et je me suis retrouvée à passer une journée avec ma « correspondante » et ses amis sans pouvoir communiquer. Je vous avoue que c'est très frustrant, surtout à cet âge là !

Puis en troisième la plupart de mes amis sont partis à Munich pour un voyage scolaire tandis que moi je suis restée au collège ! Munich ! Je ne savais même pas vraiment où c'était à cette époque, ça paraissait tellement exotique ! Et puis on ne disait même pas Munich mais München !
De plus le père d'un de mes meilleurs amis était allemand. Un été, ils sont partis à Berlin, j'en ai tellement rêvé par la suite ! Ce qu'il m'a raconté paraissait magique ! Et puis ça fait bizarre d'aller chez un ami et de ne rien comprendre quand il parle avec son père.

Comment, ne me demandez pas, mais je suis tombée sur l'association de jumelage Quimper-Remscheid et en première je suis partie pour la première fois de ma vie en Allemagne ( avoir traversé la frontière et avoir passé un après-midi à Freiburg ne compte pas ). J'ai été reçu par une famille d'accueil, une mère et sa fille. C'était comme le coup de foudre ! L'année d'après j'apprenais l'allemand avec Astrid et recherchais un moyen de partir en Allemagne pendant un an.
C'est l'OFAJ qui m'a donné cette opportunité, dix mois en Allemagne. Ils m'ont fait confiance malgré mon faible niveau de langue. Cerise sur le gâteau, c'est à Berlin que je vais travailler !

Les débuts sont durs, la langue que je ne maîtrise pas, le dépaysement, la nouvelle vie... Mais je m'habitue vite à Berlin, je me force à apprendre l 'allemand bien et vite et je fais des rencontres. C'est ainsi que je décide de rester, d'étudier en Allemagne, de mieux apprendre à connaître ce pays, cette culture, ces gens.

En trouvant l'Allemagne je me suis trouvée, moi. Moi, la dernière de ma famille, moi qui fais toutes les expériences de vie après les autres, moi qui ne reçois que conseils sur conseils, moi qui ne serai jamais que le bébé qu'on a chouchouté.

En Allemagne, c'est moi qui parle la langue et qui connais le pays, c'est moi qui donne conseils et fait découvrir, c'est moi qui sers d'interprète. En Allemagne je ne suis pas Lucile Souquet dernière de sa famille, fille de M. et Mme. Souquet mais Lucile.

Et quand un pays vous permet de devenir vous même alors vous ne pouvez que l'aimer!





Janvier 2014

Je suis arrivée à Berlin le 4 octobre 2013. J'avais passé avant deux semaine de formation Franco-Allemande dans le sud de la France et à Frankfurt am Main.

Me voilà donc arrivée dans la ville de toutes les possibilités, à 18 ans, pour 10 mois de service civique dans une école.
Premier jour à Berlin, presque première fois en Allemagne, l'aventure commence.
J'avais toujours admiré les artistes qui chantaient être partis de chez eux très tôt pour vivre une vie de fous. J'avais trop regardé l'Auberge Espagnole et je m'imaginais les séjours à l'étranger toujours un peu chaotiques mais tellement cool au final. Je voulais vivre 10 mois de folie, être indépendante, prouver à tous que je pouvais me débrouiller toute seule, que j'étais autonome, que je n'avais plus besoin de papa et maman. Je voulais aussi montrer à ma fratrie que je n'étais plus la petite sœur mais Lucile la presque adulte.
Je venais là, aussi et surtout, pour apprendre l'Allemand.
Bref je débarquais de ma campagne à la capitale, les yeux pleins d'étoiles, la tête pleine de rêves. J'avais envie de tout découvrir, tout voir, tout apprendre. Ma vie commençait maintenant.
J'avais dans la tête les paroles d'une chanson de "Fauve":

« Tu nous entends, l'Univers, tu nous entends ?
Si tu nous entends, attends-nous, on arrive, on voudrait
Tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre.
On cherche la force du nouveau monde
Pour pouvoir s'y fondre en grand. »

Premières heures à Berlin, une currywurst avec vue sur la porte de Brandebourg. Presque un cliché. C'est bizarre d'arriver dans une ville qu’on ne connaît pas, on ne sait pas où aller, on est perdu. Heureusement j’étais avec deux autres volontaires, comme moi un peu perdus.
Je fus pendant deux semaines accueilli dans une famille, leur fille avait été assistante d’allemand dans mon lycée et les parents parlaient le Français. Une facilité pour moi.
Après l’arrivée, le temps de réaliser qu’on est dans un nouveau pays, que le prochain retour est dans trois mois, il faut chercher où loger et ça, c’est pas du gâteau à Berlin, surtout en Octobre, alors que tous les étudiants arrivent et cherchent.
J’ai essuyé des refus, visité des colocs bizarre puis j’ai trouvé une chambre, au bout de deux semaines, une vrai chance ! Bon j’ai quand même eu des embrouilles avec un propriétaire qui m’avais promis un appart super en rénovation, j’avais donné la caution mais à la date de mon supposé emménagement rien n’était prêt, je n’avais même pas de salle de bain ! Il a fallu que je demande l’aide de ma famille d’accueil pour récupérer la caution.
J’ai fini par trouver une coloc pas trop loin du centre et de mon travail, avec deux filles. Ce n’est pas la colocation magique, on n’a pas le même point de vue sur le monde et la vie, sur la colocation non plus d’ailleurs mais j’ai un toit !
Le travail n’est pas génial mais Berlin est une ville géniale ! Il y a tellement à faire, à voir, à découvrir ! Il y a aussi une bonne communauté de Français, ça rassure parfois. L’apprentissage de  l’allemand se fait tout seul puisque je suis obligée de parler tout le temps allemand au lycée. Tous les jours c’est une nouvelle aventure qui commence !





Printemps 2014

C'EST BEAU, BERLIN AU PRINTEMPS.

Depuis début avril les Berlinois revivent, le soleil est revenu ! L'hiver cette année a été plutôt clément, seulement deux semaines de neige et pas vraiment de grand froid. Mais Berlin sous le soleil et la chaleur est une autre ville.

Les gens passent leurs soirées dehors et les parcs sont envahis le week-end par les familles ou les groupes d'amis qui piquent-niquent ou font des grillades. J'aime beaucoup le Tempelhofer Feld, cet ancien aéroport en plein centre laissé tel quel pour le plaisir des touristes et des autochtones. Pourtant ce champ est sur la sellette. Berlin manque de logements, les gens sont de plus en plus nombreux à venir s'installer dans la ville "la plus cool d'Europe" et tout cet espace vert est une opportunité. Alors les gens manifestent, font des pétitions ... Et puis il y a ceux qui sont partagés, qui essayent de trouver des compromis ( faire moitié logements moitié champ par exemple ). La décision sera prise dans les mois à venir, en attendant moi j'en profite à fond !

De ma petite ville bretonne j'imaginais les grandes villes stressantes, sans espaces privés, où tout va toujours trop vite. Mais Berlin est différente. C'est ce qui fait que tout le monde veut y venir, d'ailleurs. Je ne suis pas pour la pub qui dit que Berlin est géniale, que c'est la meilleure ville du monde, que tout y est facile, parce que c'est faux, mais Berlin est une ville zen. Quoique ... ça aussi c'est un cliché. Les vrais Berlinois ne sont pas aussi zen que ça : En général ils vivent comme des personnes de petit village un peu refermées, sont un peu rustres, pensent boulot boulot boulot, et selon mon expérience ne quitteraient Berlin pour rien au monde. Alors l'ouverture culturelle et la zen-attitude, ce n'est pas tout à fait ça.

Mais il ne faut quand même pas généraliser, j'ai été accueillie pendant deux semaines comme un membre de la famille par un couple qui ne me connaissait presque pas à mon arrivée à Berlin. J'ai rencontré beaucoup d'Allemands dont beaucoup d'amis sont étrangers. La plupart de mes amis sont allemands et font attention dans les conversations aux expressions qu'ils utilisent pour que je ne sois pas mise à l'écart, et quand je ne comprends pas je peux tout simplement demander. Mes colocataires se forcent à ne pas parler leur dialecte entre eux pour que je puisse comprendre. Je n'ai encore jamais eu la situation, courante en France, où comme je parlais pas très bien allemand j'aurais été mise de côté ou regardée de travers. Je n'ai rencontré presque que des gens qui ont pris le temps de m'expliquer quand je ne comprenais pas. Les Allemands sont plus ouverts que les Français quand il s'agit de leur langue, il n'ont aucun problème à traduire en anglais ou expliquer avec des mots simples en allemand. Et lorsqu'un étranger parle un peu allemand, ils ont toujours un compliment sur son niveau. Et j'ai même reçu une aide financière d'un couple que je ne connaissais pas pour mon départ à Berlin ! Je pense que nous Français, nous avons cela à apprendre, un peu plus d'humilité en ce qui concerne notre pays. Je suis toujours étonnée de voir la surprise sur le visage des gens quand je dis que j'aime l'allemand et l'Allemagne. Cela leur paraît impossible. Mes amis ont presque tous passé un an au moins à l'étranger et se voient bien y retourner ! Je pense que la plus grande différence entre la France et l'Allemagne, c'est que les Français croient encore qu'ils sont importants alors que les Allemands ont presque honte de leur langue et de leur culture. Et je pense que nous étrangers, nous sommes fautifs. J'ai eu une fois avec une copine une conversation qui m'a fait comprendre beaucoup de choses : Vous pensez à quoi quand on vous dit "Allemands" et "Allemagne" ? Allez, ne mentez pas, nous pensons presque tous à la deuxième guerre mondiale. Il y a ceux qui y pensent comme ça, sans aller plus loin, et ceux qui posent directement la question, du style : "Tes parents étaient-ils nazis ?".

Alors oui, il y a des Allemands froids et renfermés comme on s'en fait le cliché, mais il y a aussi ceux qui sont ouverts et qui en ont plus que marre qu'on leur rebatte les oreilles avec Hitler et les nazis. Oui, Berlin c'est un peu à deux vitesses : Les étrangers qui viennent ici pour se faire une nouvelle vie, qui trouvent tout super-beau, qui vivent de nuit, alimentent cette réputation de ville cool, tandis que ceux qui sont là depuis longtemps, qui voient les loyers augmenter et qui sont obligés de se replier dans les banlieues, on n'en parle pas trop, ça fait tache pour l'image.

Mais il y a aussi les Turcs et les "Allemands", problème de non-mixité qui tire souvent vers le racisme des deux côtés ; les Allemands du sud qui ne sont absolument pas aimés des Berlinois et des Allemands du nord en général ; les DDR-Kinder et les autres, rivalités et différences qui persistent encore un peu aujourd'hui ; les Berlinois et les non-Berlinois ...

Toutes ces rivalités et ces séparations sont cachées par l'effervescence de la ville, les touristes et les clubs. Je pense que les gens essayent de vivre, c'est tout. On ne parle pas autant de ces problèmes dans les autres villes, on fait de Berlin dans les journaux une ville parfaire où tout est rose. Mais Berlin est une ville comme une autre, avec ses problèmes sociaux, ses travaux, ses pauvres et ses riches, ses étrangers qui viennent sur la terre promise, ceux qui se retrouvent à faire la manche dans le métro ...

J'ai une fois rencontré un SDF français à Berlin. Imaginez-vous, petite Française de 19 ans fraîchement partie de chez papa et maman pour chercher l'aventure en Allemagne, trouvant tout magnifique à Berlin. Vous réagissez comment quand vous rencontrez un homme de peut-être trente ans qui lui aussi est venu chercher l'aventure à Berlin mais qui, au regard de ses chaussures trouées et de son sac de couchage usé, n'a pas eu la même chance que vous ? Moi, je peux vous dire que ça m'a fait bizarre, ça remet les idées en place et ça fait relativiser.

Berlin, c'est aussi les longues balades à vélo, parce que c'est super-plat et qu'il fait beau. Berlin, c'est grand, mais à vélo tout est facile. De la porte de Brandebourg à Alexanderplatz en quinze minutes, alors que sur le plan ça paraît irréalisable ! Et le mieux, c'est de sortir de Berlin, d'aller dans le Brandebourg, où tout est vert, avec des fermes, des champs et des tracteurs. La campagne à trente minutes du centre-ville ! Et si vous avez de la chance et que vous regardez bien vous pouvez voir la tour de la télévision ! C'est impressionnant, une tour comme ça qui sort de nulle part. On ne voit qu'elle, les autres monuments de la ville, on ne les voit plus. Oui, Berlin à vélo c'est vraiment agréable. Bon, en été, hein ! Parce que faire du vélo sur du verglas, ce n'est pas aussi rigolo, croyez-en mon expérience.

Berlin au printemps, c'est aussi les lacs. Là aussi il faut sortir un peu du centre touristique, et hop on se retrouve à la mer, au bord d'un lac super-grand avec même une plage de sable ! Les sportifs en feront le tour, à vélo toujours, et les plus fainéants lézarderont sur la plage. Et si le cœur vous en dit, vous pouvez même faire de la planche à voile !

Je crois que c'est ça qui me plaît à Berlin : La ville avec toutes ses possibilités d'activités et sa dynamique, mais aussi la campagne juste à côté, avec ses grands espaces et son calme.

Mon allemand est plus fluide maintenant, ça aide aussi pour découvrir des choses, rencontrer des gens. Je suis dans une nouvelle colocation avec seulement des Allemands, et ça me permet d'apprendre beaucoup. J'ai aussi pris un cours intensif d'un mois et j'ai passé le test de niveau B2.

Je ne veux pas partir, et ma prochaine étape est de pouvoir étudier en Allemagne, comme une Allemande (presuqe) normale. À Berlin de préférence bien sûr, puisque je connais la ville et y ai maintenant des amis, mais aussi en Allemagne en général.

La première partie de l'aventure berlinoise touchera à sa fin en juin, mon volontariat se termine le 20. Deux mois de retour au pays, deux mois pour faire le point sur tout ce que j'ai appris en huit mois à Berlin, deux mois pour me préparer à tout ce que j'ai encore à apprendre à mon retour en septembre.